Après plus d’un an sans actualité ni mise à jour du site, je me décide à publier quelque chose de nouveau, avec un billet consacré à un lieu que je fréquente assez rarement…
Au sommet du rocher du Cheylaret, la statue de la Vierge veille sur la vallée du Bès depuis bientôt vingt ans. Se dressant à l’écart du village, sur une butte silencieuse, la nuit tombée elle devient une présence presque humaine, veillant sur la vallée et les lumières d’en bas.
De là-haut, le plateau s’ouvre sur la vallée, et l’on devine, entre les collines, quelques lueurs humaines : le halo discret d’un village, la lumière continue des projecteurs braqués sur la statue.
Chaque fois, la scène change. Une brume légère, un halo de lumière lointain, une étoile filante qui traverse l’image. Ce n’est jamais la même nuit, même si le lieu reste inchangé.
Le rocher du Cheylaret est un ancien lac de lave, âgé d’environ six millions d’années, dont les contours ont été dégagés par l’érosion du glacier qui coulait autrefois dans la vallée du Bès. La statue a été installée en 2006, je crois par les habitants du village de Chauchailles en contrebas du rocher.
J’ai réalisé cette série au cours des derniers étés, fin juin ou plus tard dans la saison. J’attendais les bonnes conditions pour réaliser quelques cadrages que j’avais en tête, comme aligner la statue avec les grandes nébuleuses du Sagittaire, en la faisant « dialoguer » avec le cœur galactique au-dessus du village de Chauchailles, ou alors pour la « réunir » aux deux belle nébuleuses de l’Ame et du Coeur.
Entre chaleurs résiduelles du jour désormais souvent trop fortes la nuit, lumière artificielle assez intenses même sur l’Aubrac, silence profond du plateau, et insectes tournant autour des projecteurs, ces nuits d’été laissent toujours une impression particulière, entre tension et contemplation.
Ce billet regroupe plusieurs cadrages réalisés sur place, accompagnés de quelques mots. Des images comme autant de tentatives d’attraper un instant suspendu, quelque part entre la pierre, l’été et le ciel…
Ce soir de fin Août, j’ai choisi un cadrage très large, pour laisser de l’espace autour de la statue. Elle paraît presque minuscule sous le ciel étoilé. la Voie lactée s’élève doucement, partielle mais bien visible, entre les résidus de lumière à l’horizon et le bleu profond du ciel.
Ce n’est pas une composition spectaculaire, la Voie Lactée est assez discrète sur la gauche, et dans le ciel étoilé seule la galaxie d’Andromède accroche un peu le regard. Mais je tenais à ce cadrage, quelque chose me parlait dans l’équilibre entre cette figure de pierre éclairée et le calme du ciel.
Une nuit sans un bruit
silence des étoiles
autour de la pierre.
Notre Dame du Cheylaret, sous l’Ame et le Coeur.
La statue veille, immobile sous la montée lente de la Voie lactée. Elle se découpe entre la roche volcanique noire et le ciel d’encre. Autour d’elle, quelques papillons de nuit dessinent des boucles de lumière, éphémères calligraphies d’une nuit sans vent.
Juste au-dessus, les nébuleuses de l’Âme et du Cœur se devinent avec leur teinte rougeâtre, silencieuses et patientes depuis toujours.
Calme sur la lave,
deux nébuleuses veillent
la Vierge et l’Enfant
La Voie lactée trace son arche au-dessus de la statue. Cassiopée se dresse à sa gauche, avec sa forme de « w » remarquable, Au tout début de la nuit noire, quelques lumières résiduelles du coucher du soleil sont encore visibles à l’Ouest, sur la gauche de l’image. Au sud sur la droite de l’image, le Sagittaire et le Scorpion se placent au-dessus des lueurs du village de Chauchailles endormi.
Le cadrage avec l’arche complète de la Voie Lactée était assez « évident » sur ce coup, l’arche étant encore relativement basse fin juin en début de nuit, et idéalement placée à mon goût.
Nuit de solstice
étoiles et silence
dans l’air tiède de Juin.
Au début d’un des nuits les plus courtes de l’année fin juin, la statue semble tournée vers le ciel, semblent observer tout comme moi le centre galactique avec ses nébuleuses colorées émergeant au-dessus de l’horizon. Le village de Chauchailles dort en contrebas baigné dans un léger halo de lumière, tandis que les étoiles s’élèvent lentement dans le calme de la nuit.
Ce cadrage plus rapproché m’attirait depuis quelque temps. Je voulais avoir un face à face entre la silhouette de cette statue et le coeur de la Voie lactée, placé au-dessus du village.
L’éclairage artificiel étant assez violent, j’ai essayé de conserver ce contraste entre la scène terrestre et la profondeur du ciel.
En ce qui concerne justement l’éclairage, il n’y a que deux projecteurs sur quatre en fonctionnement, heureusement car il est tout de même vraiment fort pour une petite statue.
Statue immobile
domine les toits endormis
sous un ciel d’été
Juste la lumière, l’instant, et Notre dame du Cheylaret…