Situé non loin de la route allant de Nasbinals à Bonnecombe (la Route d’Argent), le Puech Meijo domine sur son flanc Est une petite boucle du Bès, la principale rivière de l’Aubrac qui naît à moins de deux kilomètres de là, et sur son coté ouest le ruisseau des Rajas.
J’en avais déjà fait quelques images, il y a maintenant presque 5 ans, et je passe régulièrement dans ce coin, mais je ne l’avais jamais photographié au lever du soleil. J’y suis donc remonté début décembre.
Une de mes photos datant d’août 2012:
Quasiment à son sommet se trouve une construction abandonnée depuis de nombreuses années, située non loin d’une bien curieuse croix. Il ne s’agit pas d’un buron, mais plutôt d’une fermette de taille bien plus imposante.
J’avais remarqué que la construction était très différente de celle des burons classiques, généralement réalisée en deux petits bâtiments distincts, assez ramassés sur le sol. Là, c’est un vrai corps de ferme sur deux étages, lié à un autre bâtiment tout en longueur. La construction ressemble à celle de la ferme du Puech Ventoux, pas très éloignée de là, et également ruinée.
Le Puech Mejio compte en plus petit bâtiment attenant coté ouest, surmonté d’une petite croix. C’est je pense ce qui m’a le plus intrigué quand j’y suis passé la première fois.
J’ai cherché des informations sur le Puech Mejio, mais elles sont rares.
Et finalement par hasard, j’ai pu en obtenir. J’en profite pour remercier Aurélie et sa grand-mère, une des dernières habitantes du Puech Meijo, pour m’avoir fourni l’histoire récente de ce lieu, qui appartient toujours à la même famille depuis les années 1920, époque de l’achat des terres.
Le « buron » date des années 1930. Il a été financé grâce à la loi Loucheur du 13 Juillet 1928. Cette loi qui n’eût cours que pendant 5 ans prévoyait un vaste programme de financement de 260 000 logements par l’Etat, avec un budget total de 7 milliards de francs. Elle fût la première véritable initiative efficace de l’Etat en vue du financement de logements.
Le Puech Meijo fût un lieu de grande hospitalité, presque un hôtel sur l’Aubrac car plusieurs familles, propriétaires de terres proches et qui n’avaient pas forcément de maison sur place, y étaient accueillies. Les hommes dormaient dans la grange et les filles dans la chapelle, le petit bâtiment surmonté d’une croix. Ainsi il doit plutôt être considéré comme une ferme d’été, que comme un buron proprement dit.
La grande croix situé non loin de la ferme, qui de part sa forme n’a rien de commun avec les autres croix de l’Aubrac, a été érigée par un des membres de la famille. Celui-ci était missionnaire à Misserghin, en Algérie. Il passait à l’époque un mois d’été avec la famille au Puech Meijo. Pour l’anecdote Misserghin est connu pour être l’endroit où fut crée la clémentine, au sein du verger de l’orphelinat religieux, par le frère Clément, né dans le Puy de Dôme.
Au début de l’exploitation, les parents restaient en permanence du printemps à l’automne pour surveiller les vaches et les traire. Les autres membres de la famille qui habitaient le reste du temps aux Salces montaient uniquement l’été pour les foins, car tous les prés étaient fanés à la main en juillet/août.
En 1936, la mère de famille n’a plus voulu monter au Puech suite à un accident dont fut victime un membre de sa famille. L’ainée de ses filles (la grand-mère d’Aurélie que je remercie au début de l’article) devint alors à 12 ans la maitresse de maison au buron. Elle s’occupait de la traite et de la confection du fromage. Ses frères et sœurs plus jeunes restaient aux Salces.
Le Puech Méijo n’a plus été habité quelques années plus tard, comme de nombreux lieux de l’Aubrac à cette période.
Voici donc quelques images de cet endroit, de début décembre.
Le Puech Meijo peu avant le lever du soleil
Au Puech Mejio, les Salces, Lozère, Décembre
La croix du Puech Meijo
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